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Editorial : Il n’y aura pas de vraie réforme fiscale

A l’heure de constituer un nouveau gouvernement, chacun sait que l’un des enjeux présentés comme majeurs est la réalisation d’une « réforme fiscale ».

A lire les programmes des partis, il faut bien constater qu’aucun ne propose une réforme réellement ambitieuse.

La plupart se contentent de propositions tendant à maintenir le montant total des charges fiscales, en proposant des augmentations de certains impôts et des diminutions d’autres taxes. L’on sait qu’en général ce genre de proposition aboutit quand même toujours à une augmentation de l’impôt total. Ce qui est proposé, c’est dans une mesure qui reste à apprécier, augmenter la charge sur les revenus du capital tout en diminuant celle qui frappe le travail.

La proposition peut paraître simple et elle trouve une incontestable justification dans le fait que la Belgique taxe, plus que n’importe quel autre pays au monde, les revenus du travail. Mais on ne rappelle jamais que c’est un choix délibéré et parfaitement cynique : les revenus du travail sont les plus lourdement taxés tout simplement parce qu’ils sont mathématiquement les plus importants et que c’est en taxant ces revenus là que l’Etat perçoit le maximum d’impôt. Si l’on voulait réduire de seulement 1 point - ce qui est évidemment dérisoire - la charge fiscale sur le travail et augmenter d’un montant équivalant l’impôt sur les revenus mobiliers, il faudrait majorer le précompte de 5 à 6 points, ce qui est une augmentation substantielle. Il en est ainsi tout simplement parce qu’il y a beaucoup moins de revenus mobiliers que de revenus professionnels.

Comme en réalité l’Etat ne diminue jamais ses dépenses, et qu’il est vraisemblable qu’il les augmentera encore, on peut craindre une forte augmentation de la taxation de l’épargne, combinée à une diminution dérisoire de l’imposition de certains revenus professionnels.

Il est vrai que certains partis, qui ne forment pas la majorité, proposent une réduction d’impôt de ... 5 milliards d’euros. Par rapport au total des charges qui accablent les contribuables, cela doit représenter 2 à 3 % et encore, ce projet ne s’accompagne pas d’une réduction de dépenses, mais d’un espoir, évidemment vain, qu’une réduction aussi minuscule des charges entraînera un « effet retour » qui recréera de la base imposable, et donc d’autres impôts. Même ceux qui veulent réduire les impôts ne visent en réalité qu’à ne pas encore les augmenter, et ce après deux ans où la rage taxation a atteint des sommets.

Une vraie réforme fiscale consisterait à poser d’abord la première question, qui est celle de l’absence de justification d’un système où l’Etat prélève environ la moitié de tout ce que les gens gagnent. Cela amène nécessairement à se poser la question du rôle de l’Etat, qu’il faut réduire sensiblement, et donc de l’importance de ses dépenses, en remettant en cause la doctrine de l’Etat Providence qui est la cause de l’étatisation croissante de l’ensemble de la société. Comme aucun parti de gouvernement n’a le courage de le faire, il ne faut s’attendre à rien de bon dans les 5 années à venir.

Auteur : Thierry Afschrift

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